La séance présentée par Marion Grange a lieu le vendredi 7 mai entre 15h et 17h en salle 430 (site de Censier, 13 rue de Santeuil). Si vous ne pouvez vous déplacer, voici un lien pour participer à distance.
La séance sera consacrée au dernier livre de Donna Haraway : Vivre avec le trouble, trad. Vivien Garcia, Editions du monde à faire, Vaulx-en-Velin, 2020 (édition originale : Staying with the Trouble.Making Kin in the Chthulucene, Durham et Londres, Duke University Press, 2016).
Donna Haraway, née en 1944 dans le Colorado, est professeure émérite dans les départements d’histoire de la conscience et d’études féministes à l’université de Californie, à Santa Cruz, où elle a effectué l’essentiel de sa carrière. Formée d’abord comme biologiste, mais ayant étudié également la philosophie et la littérature, elle est à la fois historienne des sciences du vivant, théoricienne féministe et représentante des science and cultural studies. Son essai le plus connu est le Manifeste Cyborg (1985), dans lequel elle déploie, autour de la métaphore du cyborg (un hybride d’organisme et de machine) un mythe politique capable de réunir féminisme, socialisme et matérialisme, et de déconstruire toutes formes de dualismes (homme / machine, sujet / objet, nature / culture).
Dans le monde francophone, Vinciane Despret, Isabelle Stengers et Bruno Latour sont des interlocutrices et interlocuteur essentiels pour sa pensée. À ce jour, quatre de ses ouvrages sont traduits en français : Manifeste cyborg et autres essais. Sciences, fictions, féminismes (2007) ; Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature (2009) ; Manifeste des espèces de compagnie. Chiens, humains et autres partenaires (2010) ; Vivre avec le trouble (2020).
Vivre avec le trouble est un recueil de divers articles et travaux écrits entre 2012 et 2015. L’horizon du livre est de nous engager, face à l’époque de dévastation que nous vivons, à « rester dans le trouble » : plutôt que de se réfugier dans un passé regretté ou de se projeter vers un futur salvateur ou apocalyptique, plutôt que de basculer dans un optimisme technophile ou dans un désespoir eschatologique, Haraway nous invite à habiter un présent épais, mêlé, fait de joies et de peines, de morts et de résurgences, qu’elle baptise « Chthulucène ».
Pour un bon aperçu de la langue, des méthodes et de la pensée de Haraway – déroutantes, joueuses, irrévérencieuses – nous proposons de lire ensemble les extraits suivants (indiqués par ordre de priorité) :
- Les premières pages de l’introduction (en anglais), qui formule la méthode et l’horizon de l’ouvrage, et en introduit les concepts clés.
- Une version française et légèrement réduite du chapitre 2, « Staying with the trouble : Sympoièse, figures de ficelle, embrouilles multispécifiques » (en anglais : « Tentacular thinking. Anthropocene, Capitalocene, Chthulucene »). Ce chapitre travaille la notion centrale de « Chthulucène », qui est le nom forgé par Haraway pour baptiser l’espace-temps qui est le nôtre (plutôt qu’ « Anthropocène » ou « Capitalocène »). (Si vous manquez de temps, vous pouvez vous interrompre à la fin de la page 2 et reprendre au bas de la page 10, à « Et donc, qu’avons-nous provoqué ? »).
- Une version française du chapitre 1, « Jeux de ficelles avec les espèces compagnes : rester dans le trouble » (début – milieu – fin), qui introduit la pratique spéculative des « jeux de ficelles », et suit les fils entremêlés d’histoires multispécifiques capables de nous aider à « rester avec le trouble ». (Si vous manquez de temps, vous pouvez vous arrêter au bas de la p.48).
(NB : les extraits ont été sélectionnés avant la publication de l’ouvrage en français. L’introduction est issue de l’édition américaine ; les autres extraits, de chapitres traduits en français et publiés indépendamment avant la parution de l’ouvrage).